Fausto l’affreux jojo
Le Destin de Fausto, d’Oliver Jeffers
Fausto n’est pas un héros comme les autres. On ne sait rien de ce moustachu ventripotent, seul humain de ce récit. On constate seulement au fil des pages que c’est un type affreux qui attend de chaque objet qu’il croise que celui-ci se soumette et déclare lui appartenir.
Apparemment sans autre motivation que le plaisir puéril de pouvoir se déclarer propriétaire.
Lac, mouton, montagne, arbre, tous s’exécutent, craignant la colère de ce personnage horripilant, qui promet de taper du pied, brandir son poing, de « montrer qui est le patron ».
Est-ce que dans un livre pour enfant, on a le droit de liquider son héros ? De le noyer comme un malpropre ? Ici, oui.
Dans de superbes doubles pages envahies par un bleu profond, Fausto veut dompter l’océan qui lui rétorque : « Mais tu ne m’aimes pas. » Plouf ! L’océan punit l’arrogant. Et la vie reprend son cours, sans son héros. Avec peu de mots et des illustrations percutantes, cette fable se relit à l’infini.
RENCONTRE AVEC OLIVER JEFFERS
Malin comme un ouistiti
P’tit Ouistiti, détective privé, de Brian Selznick
Atmosphère de polar dans ce pavé de 192 pages densément crayonnées et malgré tout parfaitement adapté aux tout-petits avec ses grandes images très détaillées et peu de texte.
Divisée en cinq chapitres structurés de la même manière, l’histoire déroule les enquêtes d’un adorable bébé singe que l’on sollicite pour retrouver des bijoux, une pizza, un nez de clown ou un vaisseau spatial.
Il parvient à investiguer malgré ses irrépressibles envies de sieste et de goûter ou ses difficultés à enfiler un pantalon.
L’effet de répétition au sein des quatre premiers chapitres marqués par le sens du devoir du détective met bien en valeur le retournement de situation final, lorsque le ouistiti renonce à son statut de détective privé pour revenir à sa vraie nature.
Les tromperies de Lucie
A force de crier au lion, de Dave Skinner et Aurélie Guillerey
Ce bel album aux couleurs vives raconte l’histoire de Lucie Lupin, fillette aux pommettes roses, à la chevelure blonde et au sourire adorable.
Cette séduisante enveloppe n’annonce en rien le caractère pénible de l’enfant qui passe son temps à faire suer ses parents et à inventer des mensonges pour semer la panique. Par exemple, elle raconte volontiers qu’un lion se promène dans la bibliothèque municipale qu’il faut évacuer de toute urgence.
Très fière de sa blague, elle la répète plusieurs fois, et ça marche, jusqu’au jour où… Non, on ne vous dévoilera pas la fin, mais on peut quand même vous dire qu’il y a une justice dans ce bas monde.
Et que l’enfant à qui vous faites la lecture, habitué à ce que ses congénères – et à plus forte raison les héros des histoires – soient toujours bien traités, va tomber de sa chaise (sous vos yeux satisfaits).
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